Pour partager mes trouvailles et échanger avec d'autres passionnés !

vendredi 17 juin 2016

Rant

Ce n'est probablement pas le bon endroit pour écrire ceci.
Mais où d'autre pourrais-je l'écrire ?

Je veux parler d'Orlando. Et je veux parler de tout ce qui ne va pas dans un monde où la fusillade d'Orlando a pu se produire. Dans un monde qui cherche à légitimer 49 morts et plus de 50 blessés.

Parce qu'ils cherchent à le légitimer. D'abord parce que le tueur n'est pas un John Doe blanc. Alors forcément tout le monde s'émeut. Quand ils sont blancs ce genre de tueurs sont des fous. Mais quand ils ont le look middle-east tout de suite ce sont des terroristes. Depuis des années j'appelle les tueurs de ce genre des terroristes, mais maintenant que les médias sont d'accord avec moi, ce n'est pas à cause des actions de ce connard, c'est à cause de son nom, de ses origines, de sa couleur.

J'entends dire qu'il était secrètement attiré par les hommes. Encore un grand classique. Ca évite de se remettre en question, pas vrai ? Oui, il était homophobe, mais bon, en même temps c'était une pédale, alors quelque part c'est un peu le buisness des tarlouzes et moi je n'ai pas à m'en mêler, right ? J'ai raison ou j'ai raison ?
T'as pas raison, pauvre tache.
Oui, certains sacs à merde sont homophobes parce qu'ils doutent. Beaucoup, même. Et ils doutent soit à cause de la pression de fou malade qui est mise sur les hommes pour être virils, et de la bonne façon encore bien, virils avec de la violence et de la gauloiserie et du machisme, virils comme un tyran qui conquiert un nouveau pays, virils avec un gun dans une main et une femme-objet dans l'autre. Soit parce qu'ils se rendent compte que, okay, ils sont peut-être hétéro, très probablement, même, mais que parfois ça peut leur arriver de durcir pour un mec.
Ces gens existent. Il ne faut pas le nier.
Faut-il partir du principe que chaque acte homophobe ne peut que survenir de cette tranche de la population ?  Non.
Part-on du principe que chaque bouse humaine transphobique est secrètement un peu genderqueer ?
Part-on du principe que chaque raclure de foutre antisémite est secrètement un peu juive ?

La vérité c'est que nous vivons dans une société profondément misogyne, et que ça entraîne un mépris discret mais intense de tout ce qui n'est pas un Homme Viril Comme Il Faut. Ca entraîne un mépris des femmes, parce qu'elles sont au coeur du problème. Ca entraîne un mépris surexcité des lesbiennes, ces amazones à dompter, à convertir, ces bonasses à qui enfin montrer ce que c'est un homme, un vrai.
Ca entraîne une haine effroyable des femmes transexuelles, une aversion pour les personnes ne se conformant pas à la binarité, et une vague admiration pour les hommes transexuels (mais, genre, uniquement s'ils sont très masculins et plein de muscles).
Ca entraîne une haine des hommes homosexuels, parce que basically ca devient des femmes, pas vrai ?

La vérité c'est que cette société qui glorifie la masculinité toxique et méprise tout le reste permet ce genre de drames. Les encourage subtilement. Et que ce genre de drames ne disparaîtra pas tant qu'on ne fera rien pour régler le coeur du problème : qu'on passe tous leurs caprices aux hommes blancs cis, hétéro et en bonne santé, et qu'on force le reste du monde à faire la queue parce que, désolés, hein, mais eux c'est VIP, et vous vous êtes... des P.
Le coeur du problème dans ce genre d'explosion de violence n'est pas les jeux vidéos qui banalisent la violence, ou la télé, ou quoi que ce soit. Parce que la télé, les jeux vidéos et tout le reste ne font que refléter la vraie racine du problème, qui est la haine de tout ce qui n'est pas ce fameux mec blanc hétéro et cis en bonne santé.

Aujourd'hui, j'en ai assez. J'en ai assez d'avoir peur. Assez qu'on me prenne pour ce que je ne suis pas. Assez de supporter les explications stupides, la mesquinerie, les petites agressions discrètes qui pourtant me brisent le coeur. Assez de la fermer et de sourire. Aujourd'hui je décide d'ouvrir ma grande gueule et d'être une emmerdeuse et de ne rien laisser passer. Plus jamais.

Peut-être que je renierai mon serment. Peut-être que d'ici deux jours je serai trop fatiguée pour expliquer une fois de plus, que je râlerai parce que ça ne devrait pas être mon job d'éduquer les gens autour de moi. Et c'est vrai. Ca ne devrait pas.
Mais aujourd'hui je sais, de ce genre de certitudes dont on espère qu'elles ne nous lâcheront pas, que c'est un job que personne ne fera à ma place. Que des gens sont morts parce que personne n'avait fait ce job. Que des milliers mourront encore avant qu'on ne puisse se dire "mission acomplished".
Mais aujourd'hui je décide que je ferai tout ce que je pourrai, et que l'ignorance ne passera pas par moi. En ce qui me concerne, elle s'arrête ici.

Je ne suis pas une femme.
Je ne suis pas hétéro.
Je ne suis pas neurotypique.

Et si ça pause un problème à qui que ce soit, come and have a go, if you think youre hard enough.

jeudi 7 avril 2016

Expérience : poolish comme un levain ?

Je m'amuse avec des levains et de la boulange, ces derniers jours. Et j'en suis venue à me poser une question : peut-on rafraîchir et entretenir une poolish comme un levain ?
Je m'explique : un levain, on est d'accord que c'est un mélange de farine et d'eau laissé à fermenter. Les bactéries présentes dans la farine se font un nid douillet, et au final le levain devient un écosystème de bactéries qui fermentent en lactique et d'autres qui fermentent en alcoolique (nos copines les levures). Un levain est maintenu au frais ou à température ambiante et est régulièrement nourri.
Une poolish, on est d'accord que c'est un mélange d'eau, de farine et de levure, qu'on laisse pousser au max une vingtaine d'heures, puis qu'on mélange à une pâte à pain. On n'en garde rien, c'est à usage unique.

La question à 100 000€ du jour est donc : peut-on entretenir une poolish comme un levain, sans plus y rajouter de levure mais en la nourrissant régulièrement de farine et d'eau ? Sur son principe ça ne paraît pas farfelu. Et ça amène la question suivante :
Quelles bactéries vont y vivre ? Au début majoritairement les levures, bien sûr, mais avec le temps, est-ce que les bactéries lactiques caractéristiques du levain ne vont-elles pas aussi s'y développer, vu que les conditions seraient strictement les mêmes que dans un levain ? La proportions de levures "importées" lors du premier ensemencement va aller en diminuant avec les rafraîchissements, et on continue d'importer de nouvelles bactéries à chaque rafraîchissement, tout en sachant que les levures du début se reproduisent aussi, donc techniquement on ne s'en débarrasse jamais totalement... Quel goût aurait le truc après une semaine ? Après deux ans ? Est-ce qu'on finirait par avoir un levain ? Est-ce que ça devrait continuer à s'appeler poolish ? Est-ce que ça marcherait seulement ?

Dans ma quête de science, j'ai démarré une expérience. J'ai préparé une petit quantité de poolish avec aussi peu de levure que possible (quelque chose entre 0.5% et 1.5%), hydraté à 100%, majoritairement de la farine à pain T45 00 mais une touche de farine T110 (8% à peu près). Comme à 100% on était un peu épais et que j'aime compliquer les choses, j'ai hydraté avec un peu de levain liquide pas encore vraiment actif, histoire que toutes les souches y soient de base.
Désormais, j'attends...

mercredi 16 mars 2016

Pliages de pain/brioche

Quelques petits pliages en images. Je joue avec des recettes de pain de mie végane, et je ne suis pas encore tout à fait contente du résultat. Les photos sont quand même sympas !

Pain de mie à la T110 et son de blé :



Morceau de babka au chocolat (sauvé de ma propre voracité) :



Petits pains à la patate douce :

lundi 14 mars 2016

Biscuits croustillants fourrés à la pâte de dattes vanillée

Ou, la recette qui claque, te fait passer pour le Père Noël, et est pourtant simple comme bonjour. J'ai piqué la recettes de biscuits ici, et je l'ai à peine modifiée. La recette de pâte de dattes vanillée est honnêtement issue de mon pifomètre.

Pour 2 plaques de biscuits :
  • - 150g de farine T110 (farine demi-complète)
  • - 100g de poudre d'amande ou de noisettes
  • - 55g de sucre muscovado
  • - 100g de beurre végane, j'utilise du Vita Coco
  • - Epices à volonté
  • - Un soupçon de lait végétal si besoin

Pour la pâte de dattes :
  • - 75g de dattes aussi fondantes que possible, pesées sans les noyaux (et sans la peau)
  • - 25g de lait de soja à la vanille

Pourquoi ce substitut de beurre ? La matière grasse n'est pas hydrogénée, et il ne contient pas d'huile de palme : deux très bons points à mes yeux. Il contient toutefois de l'huile de coco, qui cela le rend résistant à la cuisson, le charge aussi très méchamment en acides gras saturés. J'essaye donc d'en consommer aussi peu souvent que possible. J'ai déjà essayé de remplacer la matière grasse de cette recette par de la purée d'oléagineux, sans résultats très probants pour l'instant. Si quelqu'un trouve une solution pour obtenir le même rendu final sans passer par l'huile de coco (mais en utilisant un substitut qui résiste à la cuisson, n'est pas hydrogéné et ne contient pas d'huile de palme), je suis genre hyper-intéressée.
Pour les dattes, j'ai pris des mazafatis fraîches (ma nouvelle drogue) dont j'ai enlevé la peau qui était assez épaisse. Le poids donné ici correspond à ces dattes déjà épluchées. Si d'aventures vos dattes n'étaient pas aussi merveilleusement moelleuses et fondantes que mes précieuses mazafatis, n'hésitez pas à les réhydrater une bonne heure ou deux dans de l'eau très chaude.

  1. Dans un bol mélangeur, placer le sucre, la farine, la poudre d'oléagineux et le "beurre". Sabler à la main ou avec le batteur en "k" de votre robot, jusqu'à obtention d'une mixture au look de sable humide. (C'est plus rigolo à la main).
  2. Ajouter les épices si vous en mettez, et voyez si la pâte se tient ou si elle nécessite un peu de lait végétal. L'idée est de pouvoir en faire une boule et ensuite de l'étaler pas trop épais et qu'elle se tienne. Ajouter le lait végétal petit à petit.
  3. Former un carré grossier avec la pâte, le filmer, et l'envoyer faireun tour au frigo pour 45min minimum (ou carrément toute une nuit).
  4. Sortir le pâton du frigo, et préchauffer le four à 160°C.
  5. Abaisser la pâte sur une surface légèrement farinée. Cela dépend un peu de vos préférence, mais je trouve que les meilleurs biscuits sont ceux qui tournent autour de 3-4mm d'épaisseur. Si vous comptez réaliser des "sandwiches" comme ceux de mes photos, abaissez un poil plus fin, idéalement 2mm max.
  6. Découpez joyeusement vos biscuits, disposez-les sur une plaque garnie de papier cuisson et passez-les 5-10min au congélateur. Puis, enfournez à four chaud pour 15min à peu près, jusqu'à coloration. Ils sont encore un peu mous à la sortie du four, c'est normal, ils vont durcir en séchant. Répéter jusqu'à épuisement de la pâte.


  1. Pendant que les biscuits cuisent, mixer les dattes réhydratées avec le lait vanillé, jusqu'à obtention d'une pâte à peu près lisse (selon la bonne volonté de votre robot).
  2. Pour le montage, il ne vous reste plus qu'à tartiner vos biscuits refroidis et en faire, ou non, de petits sandwiches.

Astuces :
Comme toujours, on se fie au visuel et à l'odorat plus qu'à un couple précis température/cuisson.
Rien ne vous empêche d'utiliser une autre garniture que cette purée de dattes, par exemple du chocolat, de la confiture, du curd de fruit ou que sais-je.

vendredi 11 mars 2016

Brownie végane comme au nutella

Je pense qu'être devenue végane est l'une des meilleures choses que j'ai jamais faites. Honnêtement. On pourrait en parler pendant des heures mais en gros quand je dresse un bilan, je me dis que ça, tu vois, ça fait partie des trucs que je ne regrette pas.
Ca ne veut pas dire que je ne suis jamais embêtée par les conséquences de mon véganisme, qu'aucun produit que je mangeais avant ne me manque, ou que je suis extatique en permanence. Simplement, je blâme plus le système qui m'empêche d'avoir des alternatives véganes que le véganisme en lui-même - si vous me suivez.
Typiquement, le nutella fait partie de ces produits. Ou pas tant le nutella que cette association chocolat-noisette hyper-crémeuse. Le nutella a toujours été un peu trop sucré pour moi, et si son premier goût me plaît, je n'aime pas du tout son arrière-goût gras et écoeurant. Mais bon, plonger la cuillère dans le pot et s'en repaître religieusement, oui, je dois admettre que ça me manque parfois.
Pour pallier à ce manque, je vous présente ce sublime brownie chocolat-noisette. Il est inspiré de ma recette de brownie végane, mais il est un peu plus sucré, et bourré de pâte de noisettes maison aux arômes torréfiés. C'est, je dois dire, une vraie petite tuerie. Si comme moi l'association choco-noisette et la texture bien fudgy du brownie sont vos talons d'Achille, n'hésitez pas une seconde.
(Est-ce que la photo qui illustre cet article est la plus moche du monde ? Probablement, mais il fallait bien que j'en prenne au moins une avant que mon cher Chubby Hubby ne mange tout. J'ai fait ce que j'ai pu, okay ?)

Pour 6 parts :
  • - 230g de haricots rouges (type "kidney") cuits
  • - 95g de noisettes entières
  • - 70g de dattes (pesées sans la peau ni le noyau)
  • - 20g de sucre muscovado
  • - 10g de cacao amer
  • - 5g de levure chimique
  • - 45g de compote de pommes sans sucre
  • - 30g de lait de soja vanille
  • - arôme de vanille sous une forme ou une autre
  • - 40g de chocolat noir, fondu
  • - 50g de pépites de chocolat noir ou de chocolat haché

Les noisettes entières peuvent, j'imagine, être remplacées par de la poudre de noisettes - mais prenez des vraies noisettes, sans la coque, dans la mesure du possible. J'ai gardé la peau des miennes pour un petit boost de fibres.
Mes dattes sont des mazafatis fraîches, des dattes au goût de fou que j'ai découvert totalement par hasard sur ce site. Leur parfum de caramel et leur texture hyper fondante et moelleuse m'ont conquise dans la seconde. Leur peau étant un peu épaisse,je l'ai enlevée pour ne pas perdre en fudginess dans ce brownie, mais libre à vous de sauter cette étape.
Si pas de muscovado sous la main, libre à vous de vous tourner vers votre sucre brut préféré.

  1. Commençons par préparer la purée de noisettes : torréfier les noisettes (ou la poudre) à sec dans une poêle style crêpière, sur feu vif. Il ne faut pas les brûler, juste les colorer légèrement et les rendre odoriférantes. Les passer ensuite au robot hachoir jusqu'à ce qu'une pâte humide se forme (c'est assez rapide). Au plus votre pâte est lisse, au mieux c'est, mais ce n'est pas catastrophique si elle est encore un peu granuleuse.
  2. Préchauffer le four à 180°C, et commencer à faire fondre les 40g de chocolat.
  3. Dans un blender, mettre tous les ingrédients sauf les pépites de chocolat. L'ordre n'a pas vraiment d'importance. Blender ensuite le tout jusqu'à l'obtention d'une pâte homogène (vous devrez sûrement mélanger un peu à la cuillère pour donner un coup de main au blender).
  4. Ajouter enfin les pépites et les incorporer rapidement. Verser cette pâte épaisse dans un plat chemisé, et enfourner à four chaud.
  5. Cuire à peu près 20min, ou jusqu'à ce que la surface soit prise. La pâte n'a aucun goût de haricot même crue, aussi n'hésitez pas à laisser le coeur du brownie un peu pâteux, c'est clairement comme ça que c'est bon.

Astuces :
Comme toujours, inspectez la cuisson plutôt que de vous fier religieusement à ce couple temps/température.
Si vous le testez, tenez-moi au courant !

mercredi 9 mars 2016

Chocolat marbré à la pâte de praliné

Du light et sain à l'état brut, ça vous parle ?
Non mais sérieusement. Du chocolat noir soyeux, de la pâte de praliné si odorante que même le voisin sait que tu es en train de faire un truc malsain, des swirls sexy, et la classe internationale de savoir que tu l'as fait toi-même, comme une version en pyjama et mal peignéee de Pierre Marcolini.
Je lis en ton coeur, lecteur. Je sais que tu veux être Pierre Marcolini mal peigné.

Pour une petite plaque (flaque ?) de chocolat :
  • - 150g de chocolat de couverture (ici de l'Ocoa, mon chouchou du moment)
  • - Une généreuse cuillère à soupe de pâte de praliné à 75% de fruits fait maison (recette à venir) ou achetée chez un bon producteur

L'usage de chocolat noir me semble important, j'ai peur qu'un chocolat au lait soit trop sucré pour aller avec le praliné. Si toutefois vous mettez la main sur un chocolat au lait pas trop sucré, ça devrait donner un petit côté gianduja bien sympa.
Quand j'ai la flemme de faire du praliné moi-même, je l'achète au Comptoir du Praliné. Ces gens savent ce qu'ils font, même si on paye le prix.

  1. On va commencer par tempérer le chocolat, ce qui paraît terrifiant mais demande en fait juste un peu de rigueur, et un thermomètre de cuisine. Il n'y a pas qu'une seule méthode pour le tempérage, mais celle-ci me semble la plus aisée.
  2. Placer le chocolat dans une casserole à fond épais ou dans un bol que l'on placera au bain marie. Quel que soit le récipient que vous choisissez, assurez-vous qu'il soit parfaitement sec.
  3. A feu doux, faites fondre votre chocolat. Certaines personnes le crament systématiquement à la casserole, personnellement ça ne m'est jamais arrivé. N'hésitez pas à prendre l'option du bain marie si vous n'êtes pas trop sûr de vous. Tout au long de la fonte, surveillez la température du chocolat : on ne veut pas le chauffer à plus de 55°c.
  4. Lorsque le chocolat a atteint les 55°C, transférer les deux tiers dans un autre récipient si possible large et peu haut : on va s'en servir pour refroidir le chocolat, alors plus il y a de contact avec l'air, mieux c'est. Retirer la casserole avec le tiers restant du feu.
  5. Travailler à la spatule le chocolat que l'on veut refroidir (les deux tiers, donc). On veut l'amener à 28-29°c. Selon la quantité et la température dans votre cuisine, cela peut prendre de 5 à 15-20min.
  6. Lorsque ces deux tiers sont à la température souhaitée, on y ajoute le tiers restant, que l'on n'a pas travaillé à la spatule et qui est donc un peu plus chaud. On veut ramener le chocolat à 31-32°C, une température où il se travaille bien. Ca y est, le tempérage est fini !
  7. Verser ce chocolat dans un moule, une assiette creuse ou ce qui vous plaira. Prélever une belle cuillère à café de praliné et la laisser couler sur le chocolat. Réitérer au besoin. Avec le manche de la cuillère ou un cure-dent, dessiner rapidement quelques marbrures. Il ne faut pas trop insister, sinon ça se mélange trop intimement et on perd l'effet marbré (notez que ce sera encore très bon).
  8. Laisser prendre au frais ou à température ambiante. Personnellement je suis hyper-fan du chocolat au stade où il n'est pas encore parfaitement refroidi, c'est à dire qu'il donne un effet "froid" mais quand on le prend en main on en a tout de suite plein les doigts.
  9. Ce chocolat se conservera plusieurs jours à température ambiante, idéalement dans une boîte métallique. Si vous le conservez au réfrigérateur, pensez à le sortir environ 15min avant la dégustation, afin de profiter de tous ses arômes.

Astuces :
Pourquoi s'embêter à tempérer le chocolat, au fond ? Tout simplement pour des raisons d'esthétique. Vous connaissez peut-être ce phénomène qui se produit en été : votre chocolat a eu chaud, et du coup sa surface se couvre d'une sorte de pellicule claire d'aspect douteux. C'est typiquement ce qui se passe quand on tempère mal (ou pas) un chocolat : le beurre de cacao cristallise en repassant en phase solide, et c'est moche et un peu moins bon.
Il est tout à fait possible de faire de petits chocolats individuels avec cette recette, soit en marbrant, soit en utilisant le praliné comme fourrage.

lundi 7 mars 2016

Lait de riz maison vite fait bien fait

Le lait végétal, c'est miam. Mais le prix... pas toujours. Et puis parfois ça contient du sucre ajouté, ou de la matière grasse dont tu te demandes ce qu'elle fabrique là, ou du sel, ou dieu sait quoi. Et puis même, parfois, on n'en a plus.
Et du coup, ça peut être sympa, ne serait-ce que pour le fun, de faire son propre lait végétal. Par exemple, son lait de riz. Goûteux, onctueux, hyper bon marché, très facile à faire, customisable à souhait, ... j'ai envie de dire, qu'est-ce qu'on attend ?
Pour 1L :
  • - 60g du riz de votre choix
  • - 1.3L d'eau
  • (- sel, sucre, extrait de vanille, arômes divers, ...)

J'ai ici utilisé du riz long grain complet parce que c'était le plus "bête" que j'avais dans mon placard. Je pense qu'un riz premier prix de supermarché fera très bien l'affaire, mais je me dis que ça vaudrait aussi le coup de tester avec un riz très riche en amidon histoire d'avoir un résultat final très crémeux.
  1. Verser l'eau sur le riz et porter à ébullition. Laisser cuire jusqu'à ce que les grains soient bien tendres.
  2. Mixer le tout au mixeur plongeant. Vous n'obtiendrez sans doute pas un résultat parfaitement smooth et ce n'est pas bien méchant, mais il s'agit de maximiser la surface de contact du riz avec l'eau. Laisser reposer une bonne demie-heure.
  3. Dans une passoire recouverte d'une étamine, filtrer le lait. Bien presser votre étamine pour récupérer le plus de liquide possible. Ne pas jeter l'okara (le reste du riz), ça se réutilise nickel chrome !

  • Assaisonner éventuellement avec ce qui vous plaira, et conserver au réfrigérateur, idéalement dans une bouteille en verre. On peut le garder deux-trois jours sans souci, penser juste à bien mélanger avant utilisation.
  • lundi 29 février 2016

    Gâteau de polenta à l'orange sanguine

    Cher lecteur, je dois t'avouer un truc. Jusqu'à aujourd'hui, en ce 15 février, je n'avais jamais goûté d'orange sanguine. Genre, jamais. Je ne savais pas trop si on pouvait les manger ou si on en consommait uniquement le jus (et je ne bois jamais de jus), je ne savais pas quel goût ça pouvait avoir (je m'attendais à un truc style pamplemousse rose ?), je ne savais pas si ça valait vraiment le pataquès qu'on en faisait... Bref, je ne connaissais pas et, bizarrement, je me méfiais.
    Jusqu'à aujourd'hui. Et boy oh boy, que j'ai été bête toutes ces années. Tout ce temps à rattraper, toutes ces oranges sanguines à manger ! En plus c'est un fruit de saison ! Genre je ne pourrai pas en acheter quand je voudrai ! Argh !

    J'ai commencé par goûter ces merveilles sans rien leur faire, bien sûr. Mais quand j'ai vu à quel point leur chair était délicieuse et esthétique, j'ai su qu'il fallait que j'en fasse une pâtisserie.
    Enters... ce gâteau à la polenta. Plein d'amandes et de texture riche. Sans matière grasse ajoutée. Animé par le parfum des oranges. Doux, moelleux. Réjouissant.
    C'est bien simple. J'ai pris une fourchettée de gâteau en le sortant du four. Et trois minutes plus tard, il n'en restait plus que la moitié. Vous avez bien lu. La moitié. Comme dans "ce truc est tellement délicieux que j'ai mangé un demi-gâteau en trois secondes".
    Et vous savez quoi ? I regret nothing.

    Pour 4 à 6 (ou... genre, 2, si vous êtes comme moi) :
    • - 45g d'amandes avec la peau, torréfiées et réduites en poudre grossière
    • - 65g de farine T110
    • - 140g de polenta
    • - 1 c.c. de poudre à lever
    • - 45g de sucre muscovado
    • - 2 c.s. de zestes d'oranges sanguines (le zeste de deux oranges moyennes)
    • - 65g de jus d'orange sanguine fraîchement pressé
    • - 60g de compote de pomme sans sucre ajouté
    • - 180g de lait d'amande
    • - La chair de l'une des oranges que l'on a zestées

    La T110 est de la farine de blé demi-complète.
    La polenta est bien sûr pesée sèche. J'en ai pris avec une mouture moyenne, essayez de ne pas en prendre de la trop fine pour garder l'aspect "brut".
    On pourra remplacer le muscovado par un autre sucre, mais pourquoi se priver de ses parfums de sirop de Liège, de caramel et de fous ? Je ne sais pas.
    Je prends du lait d'amande supplémenté en calcium, de la marque Bjorg. Il n'est pas aromatisé et son goût est distinct sans être hyper-intense. Ici on a une volonté de retrouver le goût de l'amande, donc vous pouvez en prendre qui a un goût assez marqué, ou vous tourner vers un autre lait végétal.

    1. Préchauffer le four à 170°C, chaleur tournante.
    2. Préparer le plat à gâteau : on veut obtenir un gâteau large et assez plat, les dimensions d'une tarte ou d'un brownie ; ce n'est pas un gâteau qui est en hauteur. Chemiser le plat d'une feuille de papier cuisson.
    3. Mélanger dans un bol mélangeur les ingrédients secs
    4. Ajouter ensuite le jus, la compote et le lait, et bien incorporer.
    5. Découper en tranches régulières la chair de l'orange réservées, et les disposer au fond du plat préalablement préparé. Comme c'est un gâteau retourné, ce sont ces tranches qui feront le dessus du gâteau, aussi je suggère de prendre la peine de s'appliquer.
    6. Verser la pâte sur ces tranches d'oranges, et enfourner à four chaud.
    7. Cuire pour 30min, jusqu'à ce que le gâteau soit doré et que la pâte semble raisonnablement se tenir.
    8. Attendre avant de démouler. Sérieusement. Laissez refroidir ce gâteau. Moi j'ai été impatiente et le résultat n'a... pas vraiment marché, pour le dire gentiment. Pour démouler, coller un plat de service sur votre moule et retourner d'un geste fluide de prestidigitateur.

    lundi 8 février 2016

    Les ultimes crêpes véganes

    Les crêpes ultimes. Je n'ai pas d'autre mot. Comme des vraies, en végane. Comme des vraies, en mieux. Tu les fais, tu es heureux. C'est instantané. Va faire des crêpes.

    Pour 8 crêpes :
    • - 100g de farine T45 00
    • - 100g de farine T110
    • - 25g de sucre complet
    • - 20g de maïzena
    • - 100g d'aquafaba (ici, haricots rouges)
    • - 380g de lait de soja (j'utilise celui à la vanille)
    • - une pincée de sel
    • - 20g d'huile de colza
    • - extrait de vanille (ou tout autre arôme)

    La T45 00, c'est de la farine à pain ou à pizza. J'achète la marque "mon fournil", mais en gros on vise de la farine riche en gluten, qui va amener du liant. La T110, c'est de la farine demi-complète.
    La maïzena va amener du liant elle aussi, et l'aquafaba termine le tableau. Avec ce combo gagnant, pas besoin d'oeufs, et on obtient un truc vraiment moelleux, souple, et qui se tient.
    Le lait de soja vaut le coup : il est très riche en protéines. Je ne garantis rien avec un lait moins épais ; il faudra probablement un peu bricoler les proportions. J'achète celui de la marque Carrefour, qui a l'avantage d'être supplémenté en calcium, vitamuine B12 et vitamine D, tout en restant assez bon marché. Le sucre est optionnel, mais ça fait toujours plaisir, et pareil pour l'arôme : même sans ça vous ne devriez pas goûter l'aquafaba, mais disons que ça donne un petit plus. Même sans vraiment détecter la vanille, ça amène une certaine rondeur au niveau des arômes.

    1. Mélanger dans un bol mélangeur les farines, la fécule, le sucre et le sel.
    2. Creuser un puits, y verser l'huile et l'aquafaba, puis ajouter le lait de soja petit à petit, en mélangeant. La pâte finale doit être assez épaisse, mais n'oubliez pas qu'elle va aussi légèrement épaissir durant le temps de repos.
    3. Laisser reposer au moins 20-30min. Oui, c'est obligatoire. Genre, vraiment. Allez faire autre chose.
    4. Se saisir d'une poêle anti-adhésive, la huiler légèrement, et attendre qu'elle soit vraiment chaude. Vraiment, vraiment. C'est parce qu'on n'attend pas assez qu'on loupe la première.
    5. Verser une gouttelette de pâte sur la poêle : si elle grésille et prend immédiatement, alors c'est parti. Verser une louche de pâte et l'étaler d'un mouvement tournant de la poêle. La laisser cuire jusqu'à ce que les bords se décollent légèrement. Retourner la bête.
    6. Continuer jusqu'à épuisement des ressources, tout en gardant les crêpes déjà faites sur une assiette. (J'ai vu des gens mettre une deuxième assiette par-dessus : ce n'est pas vraiment nécessaire, les crêpes se tiennent chaud entre elles.)
    7. Récolter les applaudissements de votre famille émue. Tartiner de ce qui vous fait plaisir - ou farcir, ou manger nature, ou que sais-je.

    dimanche 7 février 2016

    Biscotti vanille, amandes et fleur de sel

    Les biscotti, c'est un truc qui me fait fantasmer depuis un moment, mais que je n'avais jamais testé. Un peu pas le temps, un peu peur que ça plaise pas plus que ça et de les avoir sur les bras, un peu peur de la quantité de matière grasse... Et pourtant, chaque fois je les voyais en photo, je m'imaginais les préparant dans une cuisine inondée de soleil avec vue sur le jardin peuplé de citronniers (moi, avoir des clichés en tête ? Je ne vois pas de quoi vous parlez).
    J'ai fini par me décider. J'ai pas mal bidouillé la recette originale, essentiellement parce que j'assume que ma cuisine ne soit pas encore inondée de soleil, ni donnant sur un verger : j'ai donc pris le parti d'arômes plus ronds et réconfortants.
    Ces biscotti sont merveilleusement croustillants, rustiques et bourrés des parfums de l'amande et de la vanille, rehaussés de la finesse de la fleur de sel. Ils sont assez classes pour être amenés à des amis, assez faciles à faire pour se faire une p'tite fournée "juste en passant", assez addictifs pour manger toute la plaque. Vous m'en direz des nouvelles.

    Pour 8 biscotti :
    • - 60g de purée d'amandes complètes
    • - 70 de compote de pommes
    • - une quantité généreuse d'extrait de vanille
    • - 105 de T110
    • - 35g de polenta
    • - 5g de fleur de sel
    • - 5g de poudre à lever
    • - 60g de sucre muscovado
    • - 20g d'amandes toastées et réduites en poudre grossière

    Les amandes peuvent aussi être hachées grossièrement si vous préférez les gros morceaux.
    La compote de pomme amène du liant, on pourra la remplacer par de la purée de potiron/patate douce, de la banane écrasée, de l'aquafaba, des "oeufs" de lin ou de chia, ... Faites au mieux.
    La polenta a vraiment une influence sur la texture, je suggère de se donner la peine de l'utiliser. On pourra éventuellement la remplacer par de la semoule de blé pas trop fine.

    1. Préchauffer le four à 180°C, chaleur tournante.
    2. Mélanger le beurre d'amandes, la compote, le sucre et la vanille jusqu'à l'obtention d'une pâte homogène.
    3. Ajouter la farine, la polenta et la poudre à lever, et mélanger à nouveau.
    4. Finir avec les amandes toastées, et incorporer sans insister.
    5. Façonner en un pâton long, large et plutôt plat. Le cuire 20min.
    6. Couper des tranches dans le pâton lorsqu'il est cuit, et les repasser au four pour 15min, en les retournant à mi-cuisson. Attention lors de la découpe : la pâte est assez friable, et si vous essayez de les faire trop fins vous vous retrouverez avec une gros tas de miettes alléchantes. Ca peut être sympa aussi, mais si ce n'est pas le but, visez grosso modo 1.5cm d'épaisseur - minimum.

    Astuces :
    Si vraiment vous êtes des brutes décadentes, rien de vous empêche de tremper cette perfection sans limite que sont ces biscotti dans du chocolat bien noir, avant de les laisser sécher tendrement. Je ne vous jugerai pas.
    Les biscotti se conserveront quelques jours dans une boîte en fer, mais leur texture est optimale lorsqu'ils viennent de refroidir (ou... you know... quand ils sont chauds et qu'on se brûle mais qu'ils sont si délicieux que l'on refuse d'attendre :p).
    (Vous noterez sur mes photos que mes biscotti ont eu un peu chaud... ma seconde cuisson a duré 20min, aussi le temps de la recette est corrigé pour prendre en compte ce bronzage excessif.)
    Comme toujours, inspectez la cuisson plutôt que de vous fier religieusement à ce couple temps/température.

    Dégustation : Alishan Jinxuan 2015 (Terre des Thés)

    Aujourd'hui, un autre wulong de Taïwan de chez Terre des Thés. Je nourris de très grands espoirs à son sujet, car son cultivar est le Jinxuan, connu pour de belles grosses feuilles et beaucoup de parfums lactés, et je suis incapable de résister à de bons gros arômes bien beurrés.
    Les théiers poussent en altitude sur la montagne Alishan, ce qui si j'en crois Terre des Thés est assez inhabituel. Je veux bien les croire. Ce thé est faiblement oxydé (15%), et récolté au printemps 2015.
    Côté prix on a quelque chose d'honnête avec 9.10€/25g, et 15.20€/50g conditionnés sous vide. Pour le site on reste sur la moyenne supérieure, comme l'autre wulong précédemment dégusté avec vous.

    Matériel et paramètre pour la dégustation

    Mon set à dégustation du Palais des Thés : une sorte de mini-théière qui infuse une tasse, et la tasse qui va avec, le tout en porcelaine blanche.
    J'infuse à l'eau du robinet que j'ai bouillie quelques dizaines de secondes pour en retirer le chlore. Je sais, c'est mal, mais j'ai beaucoup trop la flemme pour acheter de l'eau minérale. Je m'en sers juste après ébullition, n'ayant pas peur d'infuser la bête à fond en suivant les bons conseils de Terre des Thés.
    Mes temps d'infusion commenceront à 3min, et j'ai bien chargé en thé (sans peser exactement, on a facilement deux belles cuillères à café).


    Le thé

    Les feuilles sont roulées assez serré, vert foncé, pas mal de branchettes mais ça ne me dérange pas du tout. Des arômes boisés et verts dès ouverture du sachet, qui se transforment en quelque chose de plus épicé et un peu beurré une fois que le sachet a pu respirer un peu. Je me frotte les mains comme une mouche qui prépare un mauvais coup : c'est très prometteur.


    La première infusion : 3min et 90°C

    Les feuilles mouillées se sont vite déroulées et ont un parfum pâtissier et floral extrêmement appétissant. Très peu d'arômes verts de végétal (j'ai bu beaucoup de thés japonais ces derniers jours aussi le contraste est bien présent), on est surtout sur de la fleur et de la rondeur un poil vanillée. J'ai de jolies feuilles, quelques tiges épaisses, quelque chose de beau.
    La liqueur trahit instantanément la très faible oxydation des feuilles, avec son jaune impérial vibrant. Un tout petit peu de poussières au fond de la tasse, franchement je ne blâme personne. Ses parfums sont un peu moins punchy que ceux des feuilles mouillées mais appétissants néanmoins, dans la même gamme.
    Le goût est au rendez-vous (en même temps, avec des paramètres d'infusion pareils...) et ce malgré mon nez un peu bouché, avec beaucoup d'équilibre entre la rondeur lactée promise et la richesse des parfums des fleurs et du foin. Pas d'amertume malgré la température, une longue tenue en bouche sans astringence un peu plus boisée, très peu d'aftertaste mais une générale sensation de douceur propre typique des wulongs chers à mon petit coeur noir.


    La deuxième infusion : 4.5min, 70-75°C

    Les feuilles prennent des parfums de "feuilles", justement, un peu plus verts, et la liqueur garde son jaune de fou presque orangé. Elle s'harmonise un peu plus, gagne en rondeur avec toujours une attaque florale sublime typique de ce type de wulongs, qui gagne un peu en punch avec le temps. Après l'avoir avalé, on a toujours une sensation que j'ai envie de qualifier de "proprette", bien nette et sans histoire, fraîche et douce comme on imagine l'eau des torrents de montagne, et cette fois j'ai un aftertaste très vert et doux qui se développe. Toujours aucune amertume.
    (Les feuilles sont maintenant totalement déroulées, et comme vous le voyez sur la photo, ce sont des monstres. Après tout le thé japonais que j'ai bu cette semaine, j'ai l'impression d'infuser un arbre.)

    La troisième infusion : 6min, 95°c

    J'ai remis un coup de chaud à l'eau et décidé de faire les choses comme une grosse brute, parce que je pense que ce thé le supporte bien. Je n'ai pas pour habitude de maltraiter des feuilles innocentes comme celles-ci, mais ce thé donne clairement le meilleur de lui-même avec des paramètres bien corsés, alors qui suis-je pour l'en empêcher ?
    Le couvercle est immédiatement chargé d'arômes bien gras et ronds et beurrés et lactés, et je suis aux anges. La liqueur a toujours sa couleur impériale, et je m'y jette avec bonheur. Son parfum se fait à peine plus végétal, et lacté à souhait. Oh oui, ces théiers peuvent être heureux qu'on leur ait piqué des feuilles. De la fraîcheur, du parfum floral saturé, et de la rondeur. Toujours aucune amertume. Qu'y a-t-il à jeter ? Rien, cher lecteur.
    Le parfum des feuilles est désormais bien végétal vert avec de la douceur ronde sur la fin. Elles n'ont pas produit plus de poussières depuis la première infusion, et en les touillant amoureusement je déballe des monstres, des branchettes et de petits bourgeons si tendres qu'on a envie de les mordre (ne le faites pas, ce n'est pas très bon). De ce que je peux voir dans ma tasse, la cueillette a été jusqu'à cinq feuilles après le bourgeon, mais la médiane est deux ou trois feuilles après le bourgeon (je partage avec vous la photo d'une branche particulièrement énorme.)


    La quatrième infusion : 8min, 75°C-80°C

    Ce sera ma dernière infusion "de dégustation".
    Dans le couvercle on a à nouveau du beurre, et la liqueur est une belle harmonie de fleurs et de douceur lactée, presque vanillée. Un aftertaste frais et doux cette fois bien présent. Ce thé aime clairement infuser longtemps, et c'est ainsi que je le boirai. Pour la dégustation je pense que quatre infusions sont pas mal, mais pour le plaisir je n'hésiterais pas à pousser les feuilles dans leurs derniers retranchements, et il faudra certainement encore trois ou quatre longues infusions avant qu'elles n'aient plus d'intérêt.


    Pour conclure :

    Un look général assez rustique qui m'a beaucoup plu. Une fraîcheur agréablement, une rondeur bien fat qui vaut la peine, un jaune dont on se demande s'il faiblira jamais. Des branches entières qui donnent une touche "authentique" qui m'ont amusée. Je suis peut-être un peu moins enthousiasmée par ce thé que par le précédent wulong que j'ai pu goûter, mais il n'empêche que je le recommande pour sa constance (des infusions au final très linéaires dans leur progression), sa propreté, sa richesse, et sa capacité à infuser toujours plus longtemps tout en continuant à donner le meilleur de lui-même. Je le boirai avec un plaisir certain.


    samedi 6 février 2016

    La fois où on a parlé bancha

    Entre tous les termes qui désignent le thé dans différentes cultures et différentes langues, il serait aisé de s'y perdre. Je pense proposer une série de petits points pour clarifier les choses. Aujourd'hui, je vous propose discuter bancha.
    Le bancha, c'est un thé vert du Japon. Déjà, ça, c'est fait. Au Japon on produit essentiellement du sencha (80% de la production à la louche), puis du bancha (dans les 10-15% de la production). C'est un thé peu exporté, moins que le sencha en tous cas, qui pendant très longtemps a été le plus bu (peu de gens pouvant se payer du sencha). A l'heure actuelle il reste très consommé, entre autre sous des formes "transformées" car c'est souvent lui que l'on retrouvera dans le hojicha (thé grillé) et le genmaicha (thé additionné de riz grillé, dont je vous donne un délicieux exemple ici).
    Essayons de faire ça bien.

    Alors c'est quoi au juste ?

    On l'a dit, un thé vert. Issu du même bon vieux camelia sinensis qu'on connaît et qu'on aime. Le plus souvent, sous cette dénomination se cache une récolte tardive, automnale (les récoltes prisées ou en tout cas vues comme "de qualité" sont effectuées au printemps, puis en été). On peut très bien avoir une cueillette identique qu'un sencha sur des arbres utilisés pour le sencha : le fait que ce soit une récolte plus tardive classe le résultat final comme du bancha. Les feuilles seront un peu plus âgées, et/ou un peu plus abîmées, et/ou avec des tiges plus dures. C'est, en gros, le petit frère du sencha.
    Il serait simpliste de se dire qu'un bancha est toujours moins bon qu'un sencha, même si les prix vont pourtant dans cette direction. Un bancha réalisé avec les feuilles d'arbres particulièrement bien traités et sans feuille trop "moche" sera bien meilleur qu'un sencha "vite fait".
    Les feuilles sont le plus souvent traitées comme celles qui deviendront du sencha, c'est à dire qu'on les passe à la vapeur (30s en général) pour en stopper l'oxydation. Les feuilles sont ensuite malaxées pour leur donner leur forme et commencer à les sécher, puis elles seront séchées. Bien sûr, à l'heure actuelle, tout cela se fait dans des machines.

    Ca, c'est donc le bancha dans le sens où on l'entend le plus souvent. C'est un thé qui sera plus pauvre en caféine que son copain le sencha, aux arômes un peu plus ternes et moins doux, mais qui n'en est pas moins appréciable. Ca peut être une bonne introduction au monde du thé japonais, à condition de ne pas considérer que "bancha" est synonyme de "au rabais".


    Mais ça peut être autre chose ?

    Complètement. En fait, pas mal de thés minoritaires et un peu "artisanaux" vont se cacher sous l'étiquette "bancha", et ça peut valoir le coup de les explorer si on peut tomber dessus. Je me permets de vous diriger vers de saines lectures (et d'autres saines lectures) afin d'avoir de tous les détails dont vous puissiez rêver, et je les résumerai comme ceci : sous le nom de "bancha" on pourra retrouver des thés qui ont un petit côté fait maison, séchés au soleil, parfois fermentés (Et oui ! Du pu er japonais ! Ha !), parfois chauffés par contact direct (selon la méthode dite "chinoise"), mais qui ont ceci en commun qu'ils sont fabriqués sans installations coûteuses et gigantesques, et qu'ils tolèrent bien qu'on les infuse très longtemps, voire qu'on les bouille longuement (oui, je sais).
    Le second lien est particulièrement intéressant car se penchant sur l'aspect anthropologique et culturel de la consommation du thé et plus particulièrement du bancha. Je vous le recommande.


    Je le bois comment ?

    Si vous aimez jouer au Petit Chimiste, c'est le moment de sortir votre poêlon pour faire votre hojicha maison. Vous torréfiez la bête au poêlon approprié voire au wok, c'est fun, les enfants adorent, ça sent bon dans toute la maison et vous êtes content de l'avoir fait vous-même. C'est très cool en cadeau.
    C'est aussi le moment de faire du thé parfumé. C'est typiquement le genre de thé qui ne va pas broncher si vous y adjoignez quelques tranches de gingembre, des pétales de fleurs, un soupçon d'huile essentielle ou quelques zestes d'agrumes. Ce sera toujours largement supérieur aux abominations que vous achetez chez Kusmi (ne niez pas, je sais qu'on ne les achète que pour les boîtes).
    Sans aller aussi loin, vous pouvez vous permettre de l'infuser plutôt chaud, et plutôt long. Comme je l'ai dit il n'a souvent pas la clarté et la subtilité du sencha, mais cela reste du bon thé vert, avec un côté un peu rustique qui a quelque chose de réconfortant. Sa liqueur est plus jaune-vert que franchement vert, ses feuilles sont parfois un peu moins jolies et il y a plus de tiges, mais je sais que vous avez une âme vaillante et ne vous laisserez pas effrayer.


    Pour conclure, j'achète, ou pas ?

    Bien sûr. Ne serait-ce que pour goûter et comprendre la différence. Si vous avez la possibilité de le faire, ça vaut le coup de pouvoir comparer le bancha et le sencha faits à partir de la même exploitation, pour vraiment comprendre la nuance. Mais honnêtement, un bon bancha n'est jamais un achat en vain. Autant certains thés noirs ont des récoltes d'automne franchement tristounettes, autant on peut avoir des bancha vraiment sympas, encore très riches en arômes et très intéressants à la dégustation. Et comme je l'ai dit, les bons hojichas et genmaicha ne manquent pas, et sans bancha on n'en aurait pas.
    Je conclurais en disant que plutôt que de le voir comme le "thé japonais bas de gamme", il vaut mieux le considérer comme le "thé japonais abordable". On peut le traiter un peu moins délicatement que le sencha, il est plus tolérant, plus bonne pâte.
    Il vous offrira des litres de bon jus de feuilles chaud, sans odeur zarb d'algues ou umami hyper envahissant. Laissez-lui sa chance.

    Ebouillanter la théière ? La tasse ? La grand-mère ?

    Aujourd'hui encore, je m'attaque à une question dont je sais, cher lecteur, qu'elle te tient éveillé la nuit. Oui, je sais que tu lis souvent qu'en tant que bon amateur de jus de feuilles chaud, tu te dois d'ébouillanter ton service avant de t'en servir. Et je sais aussi que tu ne le fais pas toujours (oui, je lis en ton coeur). Et je n'ignore pas non plus que ce manque de respect du protocole (passible de décapitation) est dû, au fond, à la question qui te taraude, te ronge, grignote les angles morts de ta conscience : pourquoi, mais pourquoi, au fond, te donner cette peine ?
    Ne cherche plus, lecteur. Today is your lucky day.

    Pourquoi ébouillanter ?

    Je dirais que l'on peut citer deux grandes raisons, dont une que je subdiviserai en deux (donc ça va faire trois, en gros).
    La première peut être considérée comme hygiénique. La plupart des traditions liées au thé ont quand même un paquet d'années au compteur, et il faut garder à l'esprit que les choses étaient souvent assez différentes de de nos jours. Je dirais qu'un petit coup d'eau bouillante sur les tasses et la théière, c'est l'assurance de ne pas savourer des germes de typhus en même temps que votre wulong préféré. Ce qui est, en soi, plutôt appréciable. (Loin de moi l'idée d'affirmer que c'est pour ça qu'on le fait, mais disons que ça a dû être un effet secondaire plutôt sympa.)
    La deuxième raison, et la principale, est aussi la plus évidente. Car au fond, pourquoi boit-on du thé ? Pour le plaisir qu'il nous procure. Le thé est le dessert des boissons, on ne le boit pas vraiment pour ses nutriments, on le boit pour faire "schluuurp" et "hmmmm" et ressentir du plaisir. Et ébouillanter le service augmente les sensations agréables, et le plaisir retiré de l'ensemble. Humer les feuilles de thé dans une théière chaude est pour moi une expérience proche de la communion religieuse. Ces arômes gourmands sont uniques, impossibles à obtenir autrement. Si vous n'ébouillantez pas le gaiwan ou la théière, si vous ne prenez pas le temps de les renifler amoureusement dans le récipient et son couvercle, vous passez tout simplement à côté. A jamais.
    De même, pour peu que votre tasse ne soit pas dans un matériau conducteur, si vous y versez la liqueur et y buvez directement, vous avez contre vos lèvres un bord froid, immédiatement suivi du contraste de la liqueur chaude. Pas très agréable.
    On pourra rajouter une raison "bonus". Ca vous donne l'air d'un pro devant les béotiens que vous avez invités pour le thé. Les fake tea geek boys sont soufflés. Telle Furiosa, vous imposez votre supériorité mine de rien. La classe.


    Combien de temps ?

    C'est très court. L'eau bout, vous la versez dans la théière, puis de là, dans chaque tasse. Enfin, vous videz les tasses dans votre "poubelle" ou votre évier, selon le niveau de formalité. Ca vous a pris à tout casser une minute, et voilà votre plaisir prêt à être décuplé.
    Si vous infusez en gaiwan, vous versez directement dans le gaiwan et ensuite basta à l'évier.
    Si vous partez sur un authentique gong fu cha, inutile de le faire à chaque nouvelle infusion, naturellement. Pour peu que vous ne preniez pas deux heures entre chaque infusion, l'ensemble n'aura pas le temps de refroidir. Pensez également à ébouillanter les tasses à sentir.


    Comment ais-je pu survivre sans savoir tout cela ?

    Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas.


    mercredi 3 février 2016

    Quelle eau pour le thé ?

    L'eau est la mère du thé. Je ne sais plus où j'ai lu ça, mais c'est vrai. L'eau que nous utilisons pour préparer le thé représentera un bon 95% du produit fini - en étant conservateur. Ce n'est que faire preuve de logique d'en conclure que si on part avec un bon produit de base, on aura un bon résultat, et si notre produit de base n'est pas terrible, le résultat sera... eh bien, pas terrible.
    La vraie question, inspecteur, est donc : quelle eau utiliser pour le thé ? L'eau du robinet ? De l'eau minérale ? Très minéralisée ? Pas trop ? Pétillante ? Plate ? Aromatisée au citron ? Bouillie ? Pas bouillie ? Dans une bouilloire en or massif ?

    La base de la base : robinet vs bouteille

    Toute plaisanterie mise à part, on utilisera pour le thé de l'eau plate. Gardez la San Pellegrino pour vos marimos. On la choisira non-aromatisée. Et au sens large, on la choisira aussi peu goûteuse que possible, ce qui va nous guider pour la suite. Il est logique que si une eau a un goût (parce qu'elle est salée, ou très riche en magnésium, ou aromatisée au citron), ce goût se retrouvera un peu dans la tasse de thé, et quand on veut déguster objectivement, ça peut être gênant.
    Dans cette optique, il peut être intéressant de se tourner vers une eau en bouteille, faiblement minéralisée (typiquement, les eaux qui "conviennent aux nourrissons" sont équilibrées et pas trop minéralisées). De l'eau filtrée par une carafe filtrante peut aussi être pas mal, bien que j'ai personnellement peu d'expérience sur la question. Si le filtrage est physique, normalement pas de souci. S'il est chimique, je me méfierais un peu plus.
    Mais bien sûr il y a un bémol. Si comme moi vous buvez essentiellement de l'eau du robinet, vous êtes tellement habitué à son goût que lorsque vous goûtez une eau moins/différemment minéralisée, son goût vous semble plus envahissant que celui de votre eau habituelle. Ca peut être assez gênant, puisque vous obtenez exactement l'effet inverse de celui recherché. Je reviens sur le problème un peu plus bas, et considérons en attendant que les deux ont leurs avantages.


    Faire bouillir l'eau ?

    Certaines personnes considèrent que l'eau qui a bouilli ne peut plus être utilisée pour le thé. J'ai entendu de tout pour justifier cette affirmation : cela "casserait" les molécules d'eau et en ferait "sortir" l'oxygène. Sans rentrer dans un cours de physique/chimie, je répondrai simplement : nope.
    Une autre théorie serait que cela abîmerait le "chi" de l'eau... Là encore je ne vais pas m'étendre, mais simplement froncer un sourcil dédaigneux et m'exclamer : "sérieusement ?". (C'est là que je perds mes amis.)
    En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'il y a une notion de saturation en oxygène atmosphérique de l'eau qui varie en fonction de la température (je suis prête à admettre une influence sur le rendu final), et que l'ébullition (surtout l'ébullition prolongée) peut avoir un impact sur la saturation en minéraux.
    Toutefois, lorsque l'on consomme de l'eau du robinet, on consomme de l'eau chlorée. Sans rentrer dans les théories du complot, le chlore a un goût, et quitte à boire du thé qui a un prix au kilo équivalent à votre salaire mensuel, autant ne pas y retrouver des arômes de piscine juste parce que vous avez eu la flemme. Cela pris en compte, il peut être intéressant de bouillir quelques dizaines de secondes l'eau du robinet, ou de la laisser reposer quelques heures à l'air libre (le chlore est volatil). On pourra aussi se tourner vers la carafe filtrante de tout à l'heure, qui élimine le chlore entre autre.
    Du coup... Est-ce qu'on bout ? Je dirais que, franchement, ça dépend du thé. Pour savourer tout le raffinement d'un gyokuro rare, non. Déjà parce que ça n'aurait aucun intérêt en terme de température d'infusion, et ensuite parce là, pour le coup, on veut chopper les arômes les plus subtils. Pour un thé noir fumé (pour bien grossir le trait), si vous avez laissé la bouilloire aller jusqu'au bout, on s'en fiche complètement. Gardez à l'esprit que lorsqu'un vendeur se donne la peine de vous recommander une température d'infusion, ça peut valoir le coup de l'écouter (parfois). Si on vous dit 70°C, n'allez pas jusqu'à l'ébullition. Si on vous dit 95°C, ne craignez rien.


    Une bouilloire en or ? En argent ? En acajou massif sculpté à la main ?

    Certains matériaux (les métaux nobles) auraient des "propriétés" lorsqu'il s'agit de l'eau pour le thé. Le thé fait avec de l'eau chauffée dans une bouilloire en argent massif serait largement supérieur à du thé fait avec de l'eau chauffée dans une bouilloire de pauvre, en plastique par exemple. Alors, est-ce qu'il nous faut casser notre tirelire pour acheter un service sculpté dans des diamants géants ?
    Spoiler : nope.
    Très honnêtement, je n'ai jamais goûté de thé fait via une bouilloire de ce genre. Je chauffe mon eau dans une bouilloire en plastique avec une résistance en métal dans le fond. Je connais des tas de gens très bien qui chauffent leur eau au micro-onde, ou avec une bouilloire en fonte. Peut-être que nous passons tous à côté d'une sorte d'orgasme gustatif, je n'en sais rien. Mais je pense que lorsqu'on examine une affirmation, on doit garder à l'esprit d'où elle vient.
    Faire chauffer (voire bouillir) l'eau dans un matériau non-réactif (comme un métal noble), c'est plutôt une bonne idée. C'est sûr que si on a le choix entre du fer ou de l'argent, mieux vaut prendre l'argent. De même, le métal étant un bon conducteur, on aura un meilleur résultat qu'avec un matériau plus isolant. Dans cette optique, effectivement, la bouilloire en or doit donner de bien meilleurs résultats que les alternatives. Mais à l'heure actuelle, on n'est plus vraiment sur un dilemme or vs bois vs fer rouillé. De ce fait, et je tiens à souligner que je me plante peut-être dans les grandes largeurs, je pense qu'on est relativement safe avec la bonne vieille bouilloire en plastique (de pauvre).
    (Ceux qui me ressortent que l'argent est mieux parce que ça respecte mieux le chi du thé ou de l'eau ou des fossiles de dinosaures sous nos pieds... ne claquez pas la porte en partant ça m'agace.)


    Alors, au final, quelle eau ?

    Eh bien au final... Je pense que la meilleure eau, c'est celle qui vous fera boire le plus de thé. Sincèrement. D'un pur point de vue technique, d'un point de vue de "spécialiste", une eau faiblement minéralisée sera la meilleure, c'est un fait. De la Spa, de la Mont Calme ou de l'eau filtrée à la carafe feront parfaitement l'affaire. Après quelques tests on se fera à leur absence de goût de calcaire et de chlore, et on découvrira sûrement des arômes qui nous ébouriffent les papilles.
    Mais d'un point de vue d'amateur de jus de feuilles chaud, du point de vue de celui qui aime l'abondance de thé et n'est pas tant là pour la dégustation subtile que pour avoir sa dose de tanins, de caféine et de délices, la meilleure eau est celle qui ne vous prend pas la tête. Si vous achetiez déjà de l'eau en bouteille, rien ne vous empêche de prendre un pack de Spa en plus quand vous remplissez le chariot. Si non, si vous avez oublié cette semaine, si l'idée de devoir aller en acheter à l'épicerie du coin et en plus la porter à la main sur le trajet du retour vous épuise... pour l'amour du ciel, prenez de l'eau du robinet. Un thé imparfait vaudra toujours mieux que pas de thé.
    Ca doit être un principe bouddhiste que d'accepter l'imperfection de toute chose. Allez plus loin. Apprenez à l'aimer. Et buvez-en des litres.


    mardi 2 février 2016

    Café infusé à froid

    Si vous avez déjà partagé un repas avec moi, vous savez que je suis complètement snob pour certaines choses. Le thé, par exemple. Le chocolat. Le vin. Ou le café. Je blâme complètement ma mère, sans honte aucune.
    Pendant des années, j'ai bu toutes sortes de café, dans une optique de quantité plus que de qualité. A l'époque aucun café ne me dérangeait franchement, tant qu'il me maintenait éveillée. C'était une sombre époque, Harry, une sombre époque. Puis, quand j'ai quitté la fac, je n'ai plus bu de café pendant des mois. Et quand j'y suis revenue... je détestais ça. A ce jour je ne sais toujours pas comment j'ai pu en boire autant alors que c'est ignoble (option 1), ou comment j'ai pu en venir à détester ça alors que c'est tellement délicieux (option 2).
    Toujours est-il qu'à l'heure actuelle, je suis devenue une snob du café. Je ne l'aime préparé que d'une manière : à la cafetière à piston. Mais même comme ça, sans sucre ni lait, ça reste difficile. Ou du moins, ça le restait, jusqu'à ce que je découvre la merveille qu'est le café infusé à froid.
    Le café infusé à froid est doux et incroyablement aromatique. Il n'a rien à voir avec du café préparé chaud et devenu froid. Il a une profondeur de goût de fou, zéro trace d'acidité, et se conserve longtemps (genre, deux-trois jours au frigo) sans changer de profil aromatique.
    Accessoirement, il semblerait qu'il soit bon pour toi, puisque tous ces précieux anti-oxydants ne sont pas détruits par la chaleur.
    On s'en fait une tasse ?

    Pour 250ml, soit une belle tasse :
    • - 250g d'eau à température ambiante
    • - 50g de café en grain OU à mouture grossière (pour cafetière à piston)

    Je sais, 50g de grains de café ça fait beaucoup de café. Mais vous allez voir que ça vaut le coup. Ca va faire quelque chose d'assez concentré, que vous pourrez diluer derrière si vous le désirez.

    1. Si vous avez pris l'option des grains de café, commencez par les réduire en une poudre grossière. On ne veut plus de grains intacts, mais clairement on ne vise pas une mouture fine. Personnellement je le fais au mortier et au pilon (parce que je suis une sucker for rituals), mais vous pouvez le faire au moulin à café ou à épices, au hachoir électrique, etc. N'en faites juste pas des tonnes.
    2. Si vous avez une cafetière à piston, placez le café dans la cafetière, ajoutez l'eau froide et basta !, au frigo pour 8h minimum.
    3. Si vous n'avez pas de cafetière piston, vous allez devoir bricoler une sorte de filtre dans un récipient. Ca peut être un filtre à café que vous mettez dans un bol, un sachet pour le thé, une passoire avec une mousseline... L'idée est de laisser infuser le café, tout en pouvant le récupérer derrière pour ne pas manger le marc.
    4. Laissez le tout infuser 8h minimum, et je dirais 20h maximum (c'est le plus long que j'ai testé, et ça devenait un peu amer).
    5. Quand vous êtes prêt à boire votre exquis café glacé, pistonnez la bête (en douceur !) ou retirez le filtre. Le café peut être bu tel quel, dilué dans un peau d'eau s'il vous semble fort ou, selon ma méthode préférée, additionné d'une saine dose de lait de soja à la vanille (génération StarBucks, je blâme ma mère, là encore). Rien ne vous empêche non plus de le "blender" avec la crème glacée végane (oh oui) ou de le surmonter d'une montagne de crème fouettée (ohfuckoui).

    dimanche 31 janvier 2016

    En passant : genmaicha sans pesticide de Hon Yama

    Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'un thé qui m'est particulièrement cher, l'un des rares thés que je rachète régulièrement. Il s'agit d'un genmaicha préparé par M. Shigeta, qui cultive lui-même le riz et le thé qui le composent dans la ville de Shizuoka, au Japon.
    Le genmaicha est typiquement le genre de thés que j'adore : ça ne paye pas de mine, c'est rarement hors de prix, on aurait vite fait de passer à côté. Mais pour peu que l'on tombe sur un producteur qui aime ce qu'il fait, on touche au divin. Ce thé est composé d'un mélange de thé vert, généralement du sencha ou du bancha, et de riz grillé ou soufflé. Le résultat est une boisson réconfortante qui rappelle certains wulongs aux accents de châtaignes grillées, et qui est parfaitement ce qu'il vous faut un dimanche après-midi quand il pleut. (Ou le matin quand il va faire beau. Ou un après-midi brumeux. N'importe quand, en fait. Ce thé est magique.)

    L'infusion

    Je l'infuse le plus souvent directement dans un mug avec un filtre en métal, mais quand je veux faire les choses proprement, je sors mon kyusu. Non pas que j'aime la vaisselle en plus, mais non seulement le kyusu est un bel objet et on devrait toujours boire du thé en regardant de belles choses, mais en plus aucune grille n'égale la finesse de celles des kyusu : les thés japonais présentent des feuilles très fines et pas mal de petits débris, et sans le matériel approprié, on en mange la moitié.
    Ce thé tolère assez bien la chaleur, mais je pense qu'au-delà de 90°C on prend des risques au niveau de l'amertume. Pareil pour le temps d'infusion : 60s sont très correctes, et n'augmentez que progressivement.
    La liqueur est vert-jaune, très légèrement trouble, et présentent des arômes de caramel et de châtaignes rôties dont je ne saurais me lasser. En bouche on retrouve le punch du thé vert, sa fraîcheur et sa "solidité". (Pour ceux qui craignent le thé vert japonais qui "goûte l'algue", rassurez-vous, on en est loin.) Il a en outre un aftertaste très sucré qui, pour moi, est toujours une agréable surprise.
    En plus d'être délicieux à mes yeux, j'aime que l'on puisse le faire goûter à des "novices" du thé. Il n'est pas particulièrement bizarre, il est abordable par tout le monde, et le riz grillé lui donne un côté "fun" qui, bizarrement, plaît. On peut donc se faire plaisir et le partager avec des amis incultes.


    Le prix et où l'acheter

    Pour la petite histoire, j'ai découvert ce thé chez Unami, un salon de thé de Lille. Il y est disponible en sachets de 50g emballés sous atmosphère protectrice, pour la modique somme de 20€/50g... Oui, vous avez bien lu. Ca fait cher le genmaicha, on est d'accord, mais je me disais que, bon, la vie est trop courte pour ne pas boire de bons thés.
    C'était jusqu'à ce que je trouve exactement le même thé sur un site que j'affectionne tout particulièrement, Thés du Japon, où il est vendu à 10€/100g... soit donc quatre fois moins. J'ai donc juré de ne plus jamais rien acheter chez Unami, et je me fournis désormais en cette petite merveille directement au Japon.


    En conclusion

    Tu achètes le thé. Tu l'infuses pas comme une brute. Tu le fais goûter à toute ta famille, qui le déguste en faisant "schlurp" et "hmmm". Tu te régales, c'est pas hors de prix, c'est fait avec amour par un type que j'aime à imaginer vieux, noueux et du genre taiseux, qui cultive son riz et son thé sans pesticide sur sa montagne. Tu penses à lui en sirotant la liqueur trouble et magnifique. Tu es heureux.
    (Also, tu te demandes pourquoi il n'y a aucune photo pour illustrer cet article. Je t'envoie sur le lien de Thés du Japon un peu plus haut, où les photos sont très jolies, et t'explique qu'ici il fait sombre et moche. Tu continues d'être heureux. Tu m'achètes un tea lover's pet, parce que tu es quelqu'un de bien.)

    mardi 19 janvier 2016

    Ofrir du thé à un amateur ?

    Ca vous est peut-être déjà arrivé : vous connaissez quelqu'un qui apprécie le thé, et vous voulez lui faire un petit cadeau. Pas forcément pour Noël ou son anniversaire (quoique, au fond, pourquoi pas ?), mais il vous a aidé à déménager ou a sauvé votre bébé labrador de la noyade ou que sais-je. Vous passez devant cette boutique de thé dans une rue piétonne et là, ça fait tilt, vous vous dites : je vais grave lui acheter du thé.
    L'intention est noble. L'idée est excellente. Cela ne peut que bien se passer. D'un pas décidé, vous entrez.

    A ce stade, il ne peut se passer que deux choses. Soit, vous-mêmes avez une certaine connaissance de la chose, ou vous vous rappelez très précisément d'un thé que votre connaissance adore, et vous décidez de la jouer sûre en lui rachetant le même. Après tout, si elle l'aime bien, ce n'est pas un paquet de plus qui va lui faire du tort, pas vrai ? Dans ces cas de figure, okay, vous savez quoi acheter, vous repartez votre paquet sous le bras et le portefeuille plus léger, et vous êtes content de vous. Si votre connaissance a sauvé toute la portée de bébés labradors, vous lui avez peut-être même acheté en plus une nouvelle tasse ou un tea pet, histoire de montrer que vous n'avez pas été élevé par des loups. Tout le monde en sera très heureux.

    Mais il existe une autre option. Il se peut que vous entriez dans le magasin sans trop savoir quoi choisir... et au-delà vivent les monstres. A tous les coups, un ou une employé-e va vous tomber dessus, attiré par votre moue indécise comme un lion par l'odeur du sang. Vous allez sans doute, à ce stade, lui expliquer la situation. Le sauvetage des bébés labradors, votre reconnaissance infinie, l'amour de votre connaissance pour le thé. Vous dites "j'aimerais lui offrir quelque chose de sympa". La personne en face de vous comprend "je suis prêt à dépenser des sous mais n'y connais rien".
    Et là c'est le drame. Car la personne va vous proposer de renifler des thés pour les choisir. Sauf que vous n'y connaissez rien (ce qui n'est en soi pas un tort). Vous allez donc humer des thés qui sentent les algues (yerk, hors de question), des thés qui sentent les épinards (jamais de la vie), des thés qui sentent le foin (meh, pas intéressant), et des thés qui sentent les fleurs (aaah !). Vous allez vous diriger vers ces derniers. De fil en aiguille, vous allez vous orienter vers - j'ose à peine l'écrire ici - du thé parfumé.
    Cris dans la salle. Enfants qui hurlent. Evanouissements.

    Nul ne saurait vous le reprocher. Ca sent bon, ça a l'air rigolo, vous imaginez complètement votre connaissance en train de siroter l'équivalent en thé d'un pina colada... Ca vous semble bien plus vertueux qu'un thé avec des feuilles toutes fines et moches qui sent le poisson séché. Vous achetez l'abomination. Le magasin fait une bonne affaire en vous faisant payer l'arôme d'ananas au prix du thé vert. Vous êtes content de vous. Et votre connaissance, parce qu'elle non plus n'a pas été élevée par des loups, vous remercie, vous dit que ça sent bon (elle est encore sincère à ce stade), que ça "la changera" et qu'elle a "hâte de goûter" (là, elle ment).

    Si votre connaissance vous aime vraiment ou est un esprit profondément aventureux, elle goûtera votre offrande. Ensuite, selon sa personnalité, elle finira à la poubelle, en infusion dans son bain, en rhum arrangé, ou offerte à quelqu'un d'autre qui connaît sa haine du thé parfumé avec un commentaire de type "j'ai encore reçu un truc imbuvable, est-ce que tu le veux ?".

    Quel est le message de cet article ? De ne jamais acheter de thé à un amateur de jus de feuilles chaud ? Non, pas forcément. Mais de la même manière que vous n'offririez pas du vin choisi littéralement au pif à un sommelier, n'offrez de thé "qui sent bon" à un amateur de thé. Vous gâchez votre argent, et le thé en question.
    En revanche, n'hésitez pas à lui demander quel genre de thés il aime, quitte à ne pas comprendre la réponse mais à la retenir. Si on vous répond "un gyokura mais pas trop umami" ou "un wulong oxydé à plus de 30%", vous pourrez répercuter l'information à un employé de boutique de thé, qui saura ce que ça signifie.

    Et si vraiment vous ne savez pas quel thé offrir... offrez des fleurs. Ca fait toujours plaisir, les fleurs.

    lundi 18 janvier 2016

    Ghribas aux pistaches et amandes

    Jusqu'à il y a quelques heures, j'ignorais tout de cette recette. Mais ensuite je suis tombée dessus, et quand j'ai vu la simplicité de la chose (pas de beurre, de lait, de farine, ...) et les parfums que ça devait avoir (des oléagineux cuits, du sucre, de la cannelle), je n'ai plus pu attendre une minute.
    Naturellement, j'ai un peu patouillé le tout à ma sauce, aussi je présente d'avance mes excuses aux puristes. Mais je pense que même eux apprécieront cette version qui, sans me jeter des fleurs, est délectable.

    Pour 7 ghribas, juste assez pour toi et un ami très cher (ou pas) :
    • - 35g de pistaches grillées sans sel, pesées sans les coquilles
    • - 60g d'amandes avec la peau
    • - 25g de sucre de dattes
    • - une pincée de sel
    • - une pincée de cannelle
    • - deux pincées de levure chimique
    • - 45g d'aquafaba (ici, de haricots rouges)

    On pourra remplacer les oléagineux par d'autres, naturellement, et remplacer le sucre de datte par du sucre de canne ou de betterave si c'est ce qu'on a sous la main.

    1. Préchauffer le four à 160°C, chaleur tournante.
    2. Passer tous les ingrédients solides au blender jusqu'à l'obtention d'un mélange poudreux homogène.
    3. Ajouter l'aquafaba et bien mélanger jusqu'à l'obtention d'une pâte.
    4. Former des boulettes de taille identique (les peser peut aider), éventuellement les décorer d'une amande ou d'un cerneau de noix, et les écraser légèrement. Les placer sur un papier cuisson avec assez d'espace entre elles pour qu'il y ait une bonne circulation de l'air.
    5. Cuire 15min en gardant un oeil sur les bestioles : le sucre de datte fait qu'elles foncent assez vite.

    Astuces :
    Il paraît que ces petites merveilles se conservent dans une boîte en métal. Se conserver. La bonne blague.
    Comme toujours, inspectez la cuisson plutôt que de vous fier religieusement à ce couple temps/température.
    Enfin, c'est bien sûr en accompagnement d'un thé à la menthe avec plein d'eau de fleur d'oranger que ces ghribas seront les meilleures. Pensez-y !

    De l'importance vitale du gaiwan

    Aujourd'hui, cher lecteur, j'aimerais te parler du gaiwan, parfois appelé zhong, qui est une sorte de tasse pour le thé. Pourquoi cet objet en particulier ? Parce que le gaiwan est l'outil par excellence, ce lui qu'il te faudrait choisir si tu ne pouvais en garder qu'un. Le gaiwan est le couteau suisse de la vaisselle à thé, l'AK-47 des infusions, le pain quotidien de l'amateur de jus de feuilles chaud. N'attendons pas une seconde de plus pour tout découvrir de sa mystique.

    Qu'est-ce qu'un gaiwan au juste ?

    Le gaiwan est une tasse, le plus souvent en porcelaine ou en matériau neutre qui ne va que très peu interagir avec le thé (j'en ai vu en verre ou en jade, j'en ai entendu parler en terre de Yixing mais je n'en ai jamais croisé d'authentique (parce que quand une boutique en ligne te vend de la terre de Yixing pour 12€, autant te le dire de suite, ce n'est pas de la vraie)). Il est composé d'une soucoupe avec une encoche profonde pour y loger le fond de la tasse, un couvercle muni d'un petit renfort bien pratique, et de la tasse en elle-même, évasée comme une fleur, un poil plus haute que large. Son aspect est en général assez simple, ce n'est pas tant un objet d'apparat qu'un ustensile incroyablement pratique - ce qui ne veut pas dire qu'il n'en existe pas qui soient décorés.
    Lu Yu, connaisseur du thé s'il y en a jamais eu un, décrivait le gaiwan comme assez grand pour que le thé puisse y infuser confortablement, et néanmoins assez compact pour être tenu sans difficulté dans une main. C'est un bon ordre d'idée.
    Certains (moi la première) tendent à appeler leur gaiwan un "zhong". Ce dernier mot viendrait, si j'en crois wikipédia, du verbe "chong", qui signifie verser de l'eau, faire du thé ou rincer. La région du canton avait des tasses un peu différentes des gaiwan mais néanmoins similaires, et comme elle était très impliquée dans le commerce du thé, le mot s'est répandu pour désigner, en gros, une tasse qu'on peut tenir en main et dans laquelle on prépare le thé.


    Que faire avec un gaiwan ?

    Eh bien on y infuse du thé. C'est le but premier du gaiwan. On peut y boire directement en se servant du couvercle pour ne pas manger les feuilles (je vous explique la technique plus bas), ou verser l'infusion dans une seconde tasse (ou, comment faire un gong fu cha sans acheter de mini-théière hors de prix). C'est là pour moi l'intérêt suprême du gaiwan : tu en as un, tu as éventuellement une tasse en plus, et c'est gagné, tu as tout le matériel qu'il te faudra jamais pour apprécier de l'excellent thé. Le matériau n'est pas poreux : tu peux t'en servir pour tous tes thés et tes autres infusions. Tu n'infuses qu'une petite quantité à la fois : bonjour les arômes de ouf. Tu peux maîtriser le temps d'infusion et la température à ta guise : bonjour le respect des thés les plus susceptibles. Il est hyper-compact : bonjour l'option travel-friendly. Tu peux l'emmener au boulot, il rentre dans un tiroir sans souci, et avec lui et un paquet d'excellentes feuilles, tu occupes un espace minuscule qui te garantit que jamais plus tu n'auras à boire du café fait par une machine. Enfin, il est super-cool quoi qu'on en dise : bonjour la classe en toutes circonstances.


    Quels thés mettre dans un gaiwan ?

    C'est ça, Inspecteur. C'est ça la bonne question.
    Sur son principe, n'importe quel thé s'infuse en gaiwan. Thé blanc, thé noir, thé rouge, thé vert, thé jaune, ... ça passe. Le thé wulong, qui tolère particulièrement bien les infusions multiples, est un candidat d'exception (en plus je suis toujours ravie de voir que quelques boulettes au fond de la tasse se déroulent pour en occuper tout l'espace après quelques minutes).
    Un thé pu er, pour les mêmes raisons, est une autre bonne option, mais à la condition que ne ce soit pas l'un de ces tuocha qui fait des tas et des tas de miettes minuscules. Votre gaiwan a de la ressource, mais il n'a tout de même pas de pouvoirs magiques. (Si toutefois ça en vous embête pas de manger des miettes de feuilles, dans ce cas, faites-vous plaisir. Mais achetez du bon pu er. Ca vaut le coup.)
    On évitera les thés qui deviennent imbuvables si on les infuse un poil trop. Un gaiwan fait entre une et quatre gorgées, selon votre appétit. Le thé va donc y rester un petit moment, surtout si vous êtes en train de boire du thé en même que vous bossez. Il ne faudrait pas que votre liqueur devienne répugnante jusque parce que les feuilles y ont un peu trop mariné, naturellement.


    Comment infuser dans un gaiwan ?

    Comme dans n'importe quelle théière. On ébouillante le tout (... pas la soucoupe). On place le thé dans la tasse chaude. On en hume les feuilles avec gourmandise. On rince éventuellement le thé si nécessaire. On y verse ensuite assez d'eau pour remplir la tasse. On laisse infuser. On boit à grands renforts de "schluuurps" et de "hmmm". On recommence.


    Comment boire proprement en ne mangeant pas les feuilles ?

    C'est super facile. La soucoupe va rester sur la table, on ne s'en préoccupe pas pour boire. Saisissez la tasse entre le pouce et le couple annulaire + auriculaire. Votre index et votre majeur sont dressés. Placez ensuite le majeur et l'index de part et d'autre du renfort sur le couvercle, de manière à pouvoir le manier aisément.
    Portez la tasse à vos lèvres, et reculez légèrement le couvercle, de manière créer un petit espace d'où la liqueur pourra s'écouler, mais à travers lequel les feuilles ne passeront pas.
    Buvez en faisant "schluuurp" et "hmmm".
    Reposez la tasse. Voilà, vous savez vous servir d'un gaiwan.