Aujourd'hui, cher lecteur, j'aimerais te parler du gaiwan, parfois appelé zhong, qui est une sorte de tasse pour le thé. Pourquoi cet objet en particulier ? Parce que le gaiwan est l'outil par excellence, ce lui qu'il te faudrait choisir si tu ne pouvais en garder qu'un. Le gaiwan est le couteau suisse de la vaisselle à thé, l'AK-47 des infusions, le pain quotidien de l'amateur de jus de feuilles chaud. N'attendons pas une seconde de plus pour tout découvrir de sa mystique.
Qu'est-ce qu'un gaiwan au juste ?
Le gaiwan est une tasse, le plus souvent en porcelaine ou en matériau neutre qui ne va que très peu interagir avec le thé (j'en ai vu en verre ou en jade, j'en ai entendu parler en terre de Yixing mais je n'en ai jamais croisé d'authentique (parce que quand une boutique en ligne te vend de la terre de Yixing pour 12€, autant te le dire de suite, ce n'est pas de la vraie)). Il est composé d'une soucoupe avec une encoche profonde pour y loger le fond de la tasse, un couvercle muni d'un petit renfort bien pratique, et de la tasse en elle-même, évasée comme une fleur, un poil plus haute que large. Son aspect est en général assez simple, ce n'est pas tant un objet d'apparat qu'un ustensile incroyablement pratique - ce qui ne veut pas dire qu'il n'en existe pas qui soient décorés.
Lu Yu, connaisseur du thé s'il y en a jamais eu un, décrivait le gaiwan comme assez grand pour que le thé puisse y infuser confortablement, et néanmoins assez compact pour être tenu sans difficulté dans une main. C'est un bon ordre d'idée.
Certains (moi la première) tendent à appeler leur gaiwan un "zhong". Ce dernier mot viendrait, si j'en crois wikipédia, du verbe "chong", qui signifie verser de l'eau, faire du thé ou rincer. La région du canton avait des tasses un peu différentes des gaiwan mais néanmoins similaires, et comme elle était très impliquée dans le commerce du thé, le mot s'est répandu pour désigner, en gros, une tasse qu'on peut tenir en main et dans laquelle on prépare le thé.
Que faire avec un gaiwan ?
Eh bien on y infuse du thé. C'est le but premier du gaiwan. On peut y boire directement en se servant du couvercle pour ne pas manger les feuilles (je vous explique la technique plus bas), ou verser l'infusion dans une seconde tasse (ou, comment faire un gong fu cha sans acheter de mini-théière hors de prix). C'est là pour moi l'intérêt suprême du gaiwan : tu en as un, tu as éventuellement une tasse en plus, et c'est gagné, tu as tout le matériel qu'il te faudra jamais pour apprécier de l'excellent thé. Le matériau n'est pas poreux : tu peux t'en servir pour tous tes thés et tes autres infusions. Tu n'infuses qu'une petite quantité à la fois : bonjour les arômes de ouf. Tu peux maîtriser le temps d'infusion et la température à ta guise : bonjour le respect des thés les plus susceptibles. Il est hyper-compact : bonjour l'option travel-friendly. Tu peux l'emmener au boulot, il rentre dans un tiroir sans souci, et avec lui et un paquet d'excellentes feuilles, tu occupes un espace minuscule qui te garantit que jamais plus tu n'auras à boire du café fait par une machine. Enfin, il est super-cool quoi qu'on en dise : bonjour la classe en toutes circonstances.
Quels thés mettre dans un gaiwan ?
C'est ça, Inspecteur. C'est ça la bonne question.
Sur son principe, n'importe quel thé s'infuse en gaiwan. Thé blanc, thé noir, thé rouge, thé vert, thé jaune, ... ça passe. Le thé wulong, qui tolère particulièrement bien les infusions multiples, est un candidat d'exception (en plus je suis toujours ravie de voir que quelques boulettes au fond de la tasse se déroulent pour en occuper tout l'espace après quelques minutes).
Un thé pu er, pour les mêmes raisons, est une autre bonne option, mais à la condition que ne ce soit pas l'un de ces tuocha qui fait des tas et des tas de miettes minuscules. Votre gaiwan a de la ressource, mais il n'a tout de même pas de pouvoirs magiques. (Si toutefois ça en vous embête pas de manger des miettes de feuilles, dans ce cas, faites-vous plaisir. Mais achetez du bon pu er. Ca vaut le coup.)
On évitera les thés qui deviennent imbuvables si on les infuse un poil trop. Un gaiwan fait entre une et quatre gorgées, selon votre appétit. Le thé va donc y rester un petit moment, surtout si vous êtes en train de boire du thé en même que vous bossez. Il ne faudrait pas que votre liqueur devienne répugnante jusque parce que les feuilles y ont un peu trop mariné, naturellement.
Comment infuser dans un gaiwan ?
Comme dans n'importe quelle théière. On ébouillante le tout (... pas la soucoupe). On place le thé dans la tasse chaude. On en hume les feuilles avec gourmandise. On rince éventuellement le thé si nécessaire. On y verse ensuite assez d'eau pour remplir la tasse. On laisse infuser. On boit à grands renforts de "schluuurps" et de "hmmm". On recommence.
Comment boire proprement en ne mangeant pas les feuilles ?
C'est super facile. La soucoupe va rester sur la table, on ne s'en préoccupe pas pour boire. Saisissez la tasse entre le pouce et le couple annulaire + auriculaire. Votre index et votre majeur sont dressés. Placez ensuite le majeur et l'index de part et d'autre du renfort sur le couvercle, de manière à pouvoir le manier aisément.
Portez la tasse à vos lèvres, et reculez légèrement le couvercle, de manière créer un petit espace d'où la liqueur pourra s'écouler, mais à travers lequel les feuilles ne passeront pas.
Buvez en faisant "schluuurp" et "hmmm".
Reposez la tasse. Voilà, vous savez vous servir d'un gaiwan.
Le gaiwan est absolument super pour infuser le thé. Dès que l'on commence à connaître ces petites merveilles, on peu choisir un gaiwan qui correspond au thé que l'on va préparer: différentes épaisseurs de parois, hauteur et profondeur du gaiwan, etc. etc.
RépondreSupprimer...et le top reste quand même le gaiwan en porcelaine.
Mais il ne faut pas oublier l'eau, car même un excellent thé sans une très bonne eau, ça ne donnera rien d'extraordinaire.