Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'un thé qui m'est particulièrement cher, l'un des rares thés que je rachète régulièrement. Il s'agit d'un genmaicha préparé par M. Shigeta, qui cultive lui-même le riz et le thé qui le composent dans la ville de Shizuoka, au Japon.
Le genmaicha est typiquement le genre de thés que j'adore : ça ne paye pas de mine, c'est rarement hors de prix, on aurait vite fait de passer à côté. Mais pour peu que l'on tombe sur un producteur qui aime ce qu'il fait, on touche au divin. Ce thé est composé d'un mélange de thé vert, généralement du sencha ou du bancha, et de riz grillé ou soufflé. Le résultat est une boisson réconfortante qui rappelle certains wulongs aux accents de châtaignes grillées, et qui est parfaitement ce qu'il vous faut un dimanche après-midi quand il pleut. (Ou le matin quand il va faire beau. Ou un après-midi brumeux. N'importe quand, en fait. Ce thé est magique.)
L'infusion
Je l'infuse le plus souvent directement dans un mug avec un filtre en métal, mais quand je veux faire les choses proprement, je sors mon kyusu. Non pas que j'aime la vaisselle en plus, mais non seulement le kyusu est un bel objet et on devrait toujours boire du thé en regardant de belles choses, mais en plus aucune grille n'égale la finesse de celles des kyusu : les thés japonais présentent des feuilles très fines et pas mal de petits débris, et sans le matériel approprié, on en mange la moitié.
Ce thé tolère assez bien la chaleur, mais je pense qu'au-delà de 90°C on prend des risques au niveau de l'amertume. Pareil pour le temps d'infusion : 60s sont très correctes, et n'augmentez que progressivement.
La liqueur est vert-jaune, très légèrement trouble, et présentent des arômes de caramel et de châtaignes rôties dont je ne saurais me lasser. En bouche on retrouve le punch du thé vert, sa fraîcheur et sa "solidité". (Pour ceux qui craignent le thé vert japonais qui "goûte l'algue", rassurez-vous, on en est loin.) Il a en outre un aftertaste très sucré qui, pour moi, est toujours une agréable surprise.
En plus d'être délicieux à mes yeux, j'aime que l'on puisse le faire goûter à des "novices" du thé. Il n'est pas particulièrement bizarre, il est abordable par tout le monde, et le riz grillé lui donne un côté "fun" qui, bizarrement, plaît. On peut donc se faire plaisir et le partager avec des amis incultes.
Le prix et où l'acheter
Pour la petite histoire, j'ai découvert ce thé chez Unami, un salon de thé de Lille. Il y est disponible en sachets de 50g emballés sous atmosphère protectrice, pour la modique somme de 20€/50g... Oui, vous avez bien lu. Ca fait cher le genmaicha, on est d'accord, mais je me disais que, bon, la vie est trop courte pour ne pas boire de bons thés.
C'était jusqu'à ce que je trouve exactement le même thé sur un site que j'affectionne tout particulièrement, Thés du Japon, où il est vendu à 10€/100g... soit donc quatre fois moins. J'ai donc juré de ne plus jamais rien acheter chez Unami, et je me fournis désormais en cette petite merveille directement au Japon.
En conclusion
Tu achètes le thé. Tu l'infuses pas comme une brute. Tu le fais goûter à toute ta famille, qui le déguste en faisant "schlurp" et "hmmm". Tu te régales, c'est pas hors de prix, c'est fait avec amour par un type que j'aime à imaginer vieux, noueux et du genre taiseux, qui cultive son riz et son thé sans pesticide sur sa montagne. Tu penses à lui en sirotant la liqueur trouble et magnifique. Tu es heureux.
(Also, tu te demandes pourquoi il n'y a aucune photo pour illustrer cet article. Je t'envoie sur le lien de Thés du Japon un peu plus haut, où les photos sont très jolies, et t'explique qu'ici il fait sombre et moche. Tu continues d'être heureux. Tu m'achètes un tea lover's pet, parce que tu es quelqu'un de bien.)
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