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samedi 6 février 2016

Ebouillanter la théière ? La tasse ? La grand-mère ?

Aujourd'hui encore, je m'attaque à une question dont je sais, cher lecteur, qu'elle te tient éveillé la nuit. Oui, je sais que tu lis souvent qu'en tant que bon amateur de jus de feuilles chaud, tu te dois d'ébouillanter ton service avant de t'en servir. Et je sais aussi que tu ne le fais pas toujours (oui, je lis en ton coeur). Et je n'ignore pas non plus que ce manque de respect du protocole (passible de décapitation) est dû, au fond, à la question qui te taraude, te ronge, grignote les angles morts de ta conscience : pourquoi, mais pourquoi, au fond, te donner cette peine ?
Ne cherche plus, lecteur. Today is your lucky day.

Pourquoi ébouillanter ?

Je dirais que l'on peut citer deux grandes raisons, dont une que je subdiviserai en deux (donc ça va faire trois, en gros).
La première peut être considérée comme hygiénique. La plupart des traditions liées au thé ont quand même un paquet d'années au compteur, et il faut garder à l'esprit que les choses étaient souvent assez différentes de de nos jours. Je dirais qu'un petit coup d'eau bouillante sur les tasses et la théière, c'est l'assurance de ne pas savourer des germes de typhus en même temps que votre wulong préféré. Ce qui est, en soi, plutôt appréciable. (Loin de moi l'idée d'affirmer que c'est pour ça qu'on le fait, mais disons que ça a dû être un effet secondaire plutôt sympa.)
La deuxième raison, et la principale, est aussi la plus évidente. Car au fond, pourquoi boit-on du thé ? Pour le plaisir qu'il nous procure. Le thé est le dessert des boissons, on ne le boit pas vraiment pour ses nutriments, on le boit pour faire "schluuurp" et "hmmmm" et ressentir du plaisir. Et ébouillanter le service augmente les sensations agréables, et le plaisir retiré de l'ensemble. Humer les feuilles de thé dans une théière chaude est pour moi une expérience proche de la communion religieuse. Ces arômes gourmands sont uniques, impossibles à obtenir autrement. Si vous n'ébouillantez pas le gaiwan ou la théière, si vous ne prenez pas le temps de les renifler amoureusement dans le récipient et son couvercle, vous passez tout simplement à côté. A jamais.
De même, pour peu que votre tasse ne soit pas dans un matériau conducteur, si vous y versez la liqueur et y buvez directement, vous avez contre vos lèvres un bord froid, immédiatement suivi du contraste de la liqueur chaude. Pas très agréable.
On pourra rajouter une raison "bonus". Ca vous donne l'air d'un pro devant les béotiens que vous avez invités pour le thé. Les fake tea geek boys sont soufflés. Telle Furiosa, vous imposez votre supériorité mine de rien. La classe.


Combien de temps ?

C'est très court. L'eau bout, vous la versez dans la théière, puis de là, dans chaque tasse. Enfin, vous videz les tasses dans votre "poubelle" ou votre évier, selon le niveau de formalité. Ca vous a pris à tout casser une minute, et voilà votre plaisir prêt à être décuplé.
Si vous infusez en gaiwan, vous versez directement dans le gaiwan et ensuite basta à l'évier.
Si vous partez sur un authentique gong fu cha, inutile de le faire à chaque nouvelle infusion, naturellement. Pour peu que vous ne preniez pas deux heures entre chaque infusion, l'ensemble n'aura pas le temps de refroidir. Pensez également à ébouillanter les tasses à sentir.


Comment ais-je pu survivre sans savoir tout cela ?

Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas.


1 commentaire:

  1. Merciiii ! effectivement cette question me taraudait terrrrriblement surtout la nuit. Bien écrit et délicieusement teinté d'humour, voilà un blog comme on les aime.

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