Ce n'est probablement pas le bon endroit pour écrire ceci.
Mais où d'autre pourrais-je l'écrire ?
Je veux parler d'Orlando. Et je veux parler de tout ce qui ne va pas dans un monde où la fusillade d'Orlando a pu se produire. Dans un monde qui cherche à légitimer 49 morts et plus de 50 blessés.
Parce qu'ils cherchent à le légitimer. D'abord parce que le tueur n'est pas un John Doe blanc. Alors forcément tout le monde s'émeut. Quand ils sont blancs ce genre de tueurs sont des fous. Mais quand ils ont le look middle-east tout de suite ce sont des terroristes. Depuis des années j'appelle les tueurs de ce genre des terroristes, mais maintenant que les médias sont d'accord avec moi, ce n'est pas à cause des actions de ce connard, c'est à cause de son nom, de ses origines, de sa couleur.
J'entends dire qu'il était secrètement attiré par les hommes. Encore un grand classique. Ca évite de se remettre en question, pas vrai ? Oui, il était homophobe, mais bon, en même temps c'était une pédale, alors quelque part c'est un peu le buisness des tarlouzes et moi je n'ai pas à m'en mêler, right ? J'ai raison ou j'ai raison ?
T'as pas raison, pauvre tache.
Oui, certains sacs à merde sont homophobes parce qu'ils doutent. Beaucoup, même. Et ils doutent soit à cause de la pression de fou malade qui est mise sur les hommes pour être virils, et de la bonne façon encore bien, virils avec de la violence et de la gauloiserie et du machisme, virils comme un tyran qui conquiert un nouveau pays, virils avec un gun dans une main et une femme-objet dans l'autre. Soit parce qu'ils se rendent compte que, okay, ils sont peut-être hétéro, très probablement, même, mais que parfois ça peut leur arriver de durcir pour un mec.
Ces gens existent. Il ne faut pas le nier.
Faut-il partir du principe que chaque acte homophobe ne peut que survenir de cette tranche de la population ? Non.
Part-on du principe que chaque bouse humaine transphobique est secrètement un peu genderqueer ?
Part-on du principe que chaque raclure de foutre antisémite est secrètement un peu juive ?
La vérité c'est que nous vivons dans une société profondément misogyne, et que ça entraîne un mépris discret mais intense de tout ce qui n'est pas un Homme Viril Comme Il Faut. Ca entraîne un mépris des femmes, parce qu'elles sont au coeur du problème. Ca entraîne un mépris surexcité des lesbiennes, ces amazones à dompter, à convertir, ces bonasses à qui enfin montrer ce que c'est un homme, un vrai.
Ca entraîne une haine effroyable des femmes transexuelles, une aversion pour les personnes ne se conformant pas à la binarité, et une vague admiration pour les hommes transexuels (mais, genre, uniquement s'ils sont très masculins et plein de muscles).
Ca entraîne une haine des hommes homosexuels, parce que basically ca devient des femmes, pas vrai ?
La vérité c'est que cette société qui glorifie la masculinité toxique et méprise tout le reste permet ce genre de drames. Les encourage subtilement. Et que ce genre de drames ne disparaîtra pas tant qu'on ne fera rien pour régler le coeur du problème : qu'on passe tous leurs caprices aux hommes blancs cis, hétéro et en bonne santé, et qu'on force le reste du monde à faire la queue parce que, désolés, hein, mais eux c'est VIP, et vous vous êtes... des P.
Le coeur du problème dans ce genre d'explosion de violence n'est pas les jeux vidéos qui banalisent la violence, ou la télé, ou quoi que ce soit. Parce que la télé, les jeux vidéos et tout le reste ne font que refléter la vraie racine du problème, qui est la haine de tout ce qui n'est pas ce fameux mec blanc hétéro et cis en bonne santé.
Aujourd'hui, j'en ai assez. J'en ai assez d'avoir peur. Assez qu'on me prenne pour ce que je ne suis pas. Assez de supporter les explications stupides, la mesquinerie, les petites agressions discrètes qui pourtant me brisent le coeur. Assez de la fermer et de sourire. Aujourd'hui je décide d'ouvrir ma grande gueule et d'être une emmerdeuse et de ne rien laisser passer. Plus jamais.
Peut-être que je renierai mon serment. Peut-être que d'ici deux jours je serai trop fatiguée pour expliquer une fois de plus, que je râlerai parce que ça ne devrait pas être mon job d'éduquer les gens autour de moi. Et c'est vrai. Ca ne devrait pas.
Mais aujourd'hui je sais, de ce genre de certitudes dont on espère qu'elles ne nous lâcheront pas, que c'est un job que personne ne fera à ma place. Que des gens sont morts parce que personne n'avait fait ce job. Que des milliers mourront encore avant qu'on ne puisse se dire "mission acomplished".
Mais aujourd'hui je décide que je ferai tout ce que je pourrai, et que l'ignorance ne passera pas par moi. En ce qui me concerne, elle s'arrête ici.
Je ne suis pas une femme.
Je ne suis pas hétéro.
Je ne suis pas neurotypique.
Et si ça pause un problème à qui que ce soit, come and have a go, if you think youre hard enough.
Mais où d'autre pourrais-je l'écrire ?
Je veux parler d'Orlando. Et je veux parler de tout ce qui ne va pas dans un monde où la fusillade d'Orlando a pu se produire. Dans un monde qui cherche à légitimer 49 morts et plus de 50 blessés.
Parce qu'ils cherchent à le légitimer. D'abord parce que le tueur n'est pas un John Doe blanc. Alors forcément tout le monde s'émeut. Quand ils sont blancs ce genre de tueurs sont des fous. Mais quand ils ont le look middle-east tout de suite ce sont des terroristes. Depuis des années j'appelle les tueurs de ce genre des terroristes, mais maintenant que les médias sont d'accord avec moi, ce n'est pas à cause des actions de ce connard, c'est à cause de son nom, de ses origines, de sa couleur.
J'entends dire qu'il était secrètement attiré par les hommes. Encore un grand classique. Ca évite de se remettre en question, pas vrai ? Oui, il était homophobe, mais bon, en même temps c'était une pédale, alors quelque part c'est un peu le buisness des tarlouzes et moi je n'ai pas à m'en mêler, right ? J'ai raison ou j'ai raison ?
T'as pas raison, pauvre tache.
Oui, certains sacs à merde sont homophobes parce qu'ils doutent. Beaucoup, même. Et ils doutent soit à cause de la pression de fou malade qui est mise sur les hommes pour être virils, et de la bonne façon encore bien, virils avec de la violence et de la gauloiserie et du machisme, virils comme un tyran qui conquiert un nouveau pays, virils avec un gun dans une main et une femme-objet dans l'autre. Soit parce qu'ils se rendent compte que, okay, ils sont peut-être hétéro, très probablement, même, mais que parfois ça peut leur arriver de durcir pour un mec.
Ces gens existent. Il ne faut pas le nier.
Faut-il partir du principe que chaque acte homophobe ne peut que survenir de cette tranche de la population ? Non.
Part-on du principe que chaque bouse humaine transphobique est secrètement un peu genderqueer ?
Part-on du principe que chaque raclure de foutre antisémite est secrètement un peu juive ?
La vérité c'est que nous vivons dans une société profondément misogyne, et que ça entraîne un mépris discret mais intense de tout ce qui n'est pas un Homme Viril Comme Il Faut. Ca entraîne un mépris des femmes, parce qu'elles sont au coeur du problème. Ca entraîne un mépris surexcité des lesbiennes, ces amazones à dompter, à convertir, ces bonasses à qui enfin montrer ce que c'est un homme, un vrai.
Ca entraîne une haine effroyable des femmes transexuelles, une aversion pour les personnes ne se conformant pas à la binarité, et une vague admiration pour les hommes transexuels (mais, genre, uniquement s'ils sont très masculins et plein de muscles).
Ca entraîne une haine des hommes homosexuels, parce que basically ca devient des femmes, pas vrai ?
La vérité c'est que cette société qui glorifie la masculinité toxique et méprise tout le reste permet ce genre de drames. Les encourage subtilement. Et que ce genre de drames ne disparaîtra pas tant qu'on ne fera rien pour régler le coeur du problème : qu'on passe tous leurs caprices aux hommes blancs cis, hétéro et en bonne santé, et qu'on force le reste du monde à faire la queue parce que, désolés, hein, mais eux c'est VIP, et vous vous êtes... des P.
Le coeur du problème dans ce genre d'explosion de violence n'est pas les jeux vidéos qui banalisent la violence, ou la télé, ou quoi que ce soit. Parce que la télé, les jeux vidéos et tout le reste ne font que refléter la vraie racine du problème, qui est la haine de tout ce qui n'est pas ce fameux mec blanc hétéro et cis en bonne santé.
Aujourd'hui, j'en ai assez. J'en ai assez d'avoir peur. Assez qu'on me prenne pour ce que je ne suis pas. Assez de supporter les explications stupides, la mesquinerie, les petites agressions discrètes qui pourtant me brisent le coeur. Assez de la fermer et de sourire. Aujourd'hui je décide d'ouvrir ma grande gueule et d'être une emmerdeuse et de ne rien laisser passer. Plus jamais.
Peut-être que je renierai mon serment. Peut-être que d'ici deux jours je serai trop fatiguée pour expliquer une fois de plus, que je râlerai parce que ça ne devrait pas être mon job d'éduquer les gens autour de moi. Et c'est vrai. Ca ne devrait pas.
Mais aujourd'hui je sais, de ce genre de certitudes dont on espère qu'elles ne nous lâcheront pas, que c'est un job que personne ne fera à ma place. Que des gens sont morts parce que personne n'avait fait ce job. Que des milliers mourront encore avant qu'on ne puisse se dire "mission acomplished".
Mais aujourd'hui je décide que je ferai tout ce que je pourrai, et que l'ignorance ne passera pas par moi. En ce qui me concerne, elle s'arrête ici.
Je ne suis pas une femme.
Je ne suis pas hétéro.
Je ne suis pas neurotypique.
Et si ça pause un problème à qui que ce soit, come and have a go, if you think youre hard enough.
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